Dans la mythologie grecque, ce sont des colombes qui apportaient à Zeus l’ambroisie, pour l’en nourrir et faire de lui un immortel, alors qu’il était caché dans les montagnes pour échapper à la fureur de son père. La colombe est également l’attribut d’Aphrodite, Déesse de l’amour.
Parmi les légendes l’on retrouve celle de Sémiramis, la puissante Reine fondatrice de Babylone. Elle se métamorphosa en colombe pour disparaître de la terre, atteindre le divin et échapper ainsi à ses ennemis. Plus tard, les mères juives qui venaient d’accoucher offraient par gratitude un agneau et une colombe à Dieu, la laissant s’envoler à la porte du temple.
L’évolution de l’image de la colombe se précise avec le christianisme qui fait d’elle la représentation du Saint-Esprit. Dans le livre de la Genèse, c’est elle qui fait comprendre à Noé que les eaux ont enfin baissé de la surface de la terre, en lui rapportant un jeune rameau d’olivier, preuve que la vie repart. Elle annonce la fin du déluge et de la désolation, ce en quoi elle incarnera à jamais la lumière.
La colombe, petit oiseau au plumage blanc, curieux, charmant et roucoulant s’est donc enorgueillie au fil des siècles des folklores divers qui faisaient d’elle une messagère de l’absolu. L’apercevoir est de bon augure, recelant en ses petites ailes blanches tant d’espoirs et de croyances en des lendemains meilleurs. C’est donc tout naturellement, qu’après avoir incarné l’amour et la fidélité, puisqu’elle revenait toujours à son port d’attache, qu’elle revêtit les habits de la paix. Elle figure désormais comme l’emblème sacré du sentiment d’urgence à rétablir l’équilibre sur la planète, schématisée et stylisée dans un grand nombre d’œuvres et de causes. La mission qu’elle transmet, lorsqu’elle est nommée ou qu’elle apparaît, est tout simplement celle de la sagesse et de la réconciliation.
Pour les Amérindiens, grands amateurs de plumes, en offrir une, toute blanche, provenant d’une colombe équivaut à une déclaration d’amour. Il faut dire que ce volatile n’a rien de volage, restant attaché à son partenaire toute une vie, couvant les œufs simultanément. C’est pourquoi la colombe est le plus souvent montrée en train de roucouler avec une de ses pairs et qu’on la retrouve dans la symbolique du mariage, présente sur les annonces et les faires parts. Toujours au cours de cette même cérémonie, il est bienvenu de laisser s’échapper des colombes pour porter bonheur aux jeunes époux.
En spiritualité comme en magie, la colombe est l’ambassadrice du divin, des terres inaccessibles, des cieux, des territoires occultes. Elles sont capables de communiquer avec les dieux, et de soumettre leurs oracles aux mortels, qui en feront bon usage ou non. C’est pourquoi chacun s’émerveille à en voir apparaître une. Ce en quoi elle est associée à la conscience et à l’éveil, porteuse d’un idéal assez féminin et délicat. Respectée des hommes, la colombe n’en finit pas d’enchanter. De ses petits mouvements de tête si observateurs, elle semble examiner avec la plus grande attention, et le plus grand calme, la profondeur de l’âme de tous.
On ne peut pas penser quand on est amoureux, on ne garde aucune pensée pour soi, on les envoie toutes vers l’aimé(e), comme des colombes. Christian Bobin
