Jane Austen est une auteure anglo-saxonne majeure. Issue de la gentry, la plupart de ses ouvrages sont des succès. Elle y dépeint à merveille la société dans laquelle elle vit, mais aussi les sentiments. C’est à titre posthume qu’elle connaîtra une reconnaissance universelle.
Le titre du roman donne le ton sur l’influence que peut exercer sur une jeune personne le poids des conventions l’environnement britannique de l’époque. L’action se déroule entre 1 814 et 1815, tandis que se profile l’exil de Napoléon à st Hélène. Elle met en scène Anne Elliot, jeune femme désabusée de 27 ans à peine, et Frederick Wentworth, son ancien fiancé.
8 ans plus tôt, Anne s’est laissé convaincre par sa marraine Lady Russel de rompre ses fiançailles avec Frederick, jeune officier sans titre ni richesse. Évoluant au sein de sa famille où la vanité excelle, mais où la fortune s’est considérablement effritée, elle est assez effacée et il semble qu’elle soit désormais destinée à rester vieille fille.
Le père d’Anne rencontrant de grosses difficultés, la propriété est louée, à l’amiral Croft et à sa femme, qui est la sœur de Frederick. C’est ainsi que leurs chemins se croisent à nouveau, Frederick étant désormais gradé et riche, il n’a cependant pas oublié l’affront que lui fit jadis Anne. En âge de se marier, le capitaine Wentworth est un parti très sollicité par les jeunes filles, dont Henrietta et Louisa, avec laquelle il semble avoir quelques affinités. Quant à Anne, elle est courtisée par le capitaine Bentwick et par M. Elliot, tandis que son père et sa sœur déploient toute leur ingéniosité pour essayer de retrouver leur rang. Toutes sortes de manigances s’organisent entre les protagonistes, les uns souhaitant se marier avec les autres pour asseoir leur statut, alors qu’ailleurs les influences et les manipulations vont bon train.
Les couples, les amitiés, les petits et grands arrangements font rage dans cette petite noblesse soucieuse avant tout de sauver ses intérêts en ces temps politiques particulièrement troubles.
Alors que tous s’agitent autour d’eux, dans un envol de fiançailles, de mariages, de ruptures, les souvenirs de leurs anciennes amours hantent de plus en plus la vertueuse Anne et Frederick. Il se résout à lui écrire une lettre pour lui confier ses sentiments, intacts. Il est temps pour eux de reprendre le cours de cette vie qui leur a été confisquée par l’ambition des autres, sans tenir compte de leurs sentiments.
Leur union est celle de la volonté, celle d’un amour capable de rejaillir, et d’affronter, tout en douceur, comme une évidence, ceux qui seraient tentés de s’y opposer. Anne qui passe dans tout le roman pour une personne sans grand caractère, finit par obtenir ce qu’elle a toujours souhaité, et l’on se rend compte alors à quel point elle a développé son indépendance par rapport aux siens. Elle s’est adaptée à toutes les situations, et entend bien, vivre enfin ce à quoi elle aspirait. Frederick, qui la croyait être devenue une étrangère est lui-même surpris par le souffle de cet amour qui reprend. Ils se marient donc et reprennent le cours de leur destin.
« Vous transpercez mon âme. Je suis partagé entre l'angoisse et l'espoir. Non, ne me dites pas qu'il est trop tard, que ces précieux sentiments ont disparu à jamais. Je vous offre de nouveau un cœur qui vous appartient encore plus totalement que lorsque vous l'avez brisé ».